aujourd'hui, je vais vous faire partager un conte de Jacques Salomé, extrait de son livre
" Contes à guérir, contes à grandir " au sujet des règles et vous parler des croyances autour elles.
Le conte de régula, la mal nommée.
Régula est un drôle de phénomène, avec un caractère imprévisible. Je dirai même lunatique.
elle menait une vie très curieuse; Quatre à cinq jours par mois à peine, elle se montrait
au grand jour, avec hésitation ou parfois de façon intempestive, et d'autres fois
encore de façon abondante_ce qui serait le mot le plus juste.
Le reste du mois, Régula ne se manifestait pas. Rien. Pas un signe de vie. Le silence
le plus complet. Elle restait à l'intérieur.
Régula avait tout entendu sur elle. On la traitait avec beaucoup de mépris, de honte ...
Le comportement des autres, des femmes en particulier, était ambivalent.
On ne souhaitait pas réellement sa venue et on s'inquiétait ou on se réjouissait fort
dans certains cas de son absence.
Vous l'avez deviné, la vie de Régula était un vrai casse-tête. D'abord sa naissance.
Elle arrivait sans prévenir, un dimanche ou un lundi, n'importe quel jour,
à n'importe quelle heure. Et quand elle surgissait pour la première fois,
il y avait beaucoup d'émotion chez la petite fille qui l'accueillait.
Car Régula ne naissait que chez les petites filles dont l'âge variait entre onze ans
et parfois seize, dix-sept ans.
Je vous l'ai dit. Elle arrivait sans crier gare, s'installait, se répandait durant trois,
quatre, cinq jours. Sa couleur préférée était le rouge _ rouge sang _ pour tout dire.
Autrefois, on l'accueillait avec des serviettes. A cette époque-là, elle avait de la place.
Aujourd'hui, la plupart des femmes tentèrent de coincer Régula avec des petits tampons
qui la comprimaient et l'absorbaient tout à la fois.
Je peux vous dire, elle aurait aimé couler librement sans retenue, au grand air.
Régula ne comprenaient ni le mystère, ni la honte, ni les sentiments très contradictoires
qui l'entouraient.
Elle aurait aimé être acceptée pour ce qu'elle était, une honnête travailleuse, faisant
ou accomplissant son boulot de nettoyage avec courage, ponctualité et rigueur.
Régula savait son rôle essentiel à la vie des femmes.
La plupart lui devaient beaucoup sans le savoir, bon sang.
Régula aurait mérité d'avoir une fête ... un témoignage de reconnaissance
qui montre enfin au grand jour le rôle essentiel qu était le sien.
A la fin de sa vie, quand Régula disparaissait définitivement, beaucoup de femmes se disaient soulagées, et plus encore disaient la regretter. Le rêve de Régula aurait été de trouver un corps de femme qui l'accueille inconditionnellement, sans réticence, sans cachotterie, sans ambiguïté.
Oh! ne croyez pas qu'elle ait espéré un jour être aimée, cela, elle n'avait jamais pu se l'avouer, au plus profond de sons silence, au plus secret de sa détresse.
Si vous m'avez vraiment entendu, vous devez entendre que l'existence de Régula est le symbole de la solitude la plus poignante, celle de ne pas avoir donné la vie.
Quand une femme porte la vie en elle, Régula disparaît pour de longs mois, sans hésiter,
sans revendiquer, elle se cache alors derrière la Voie lactée. Quand elle revient triomphante et que le cycle de sa propre existence reprend, elle bouillonne d'impatience d'être respectée, reconnue et pourquoi pas glorifiée !
J'aimerais pour ma part que Régula soit appelée par un nom personnalisé. j'inviterais
chaque petite fille, dans les trois mois qui suivent son arrivée au monde, à lui donner un prénom,un petit nom familier qui l'identifie comme un personnage important unique et respectable.
Je connais une petite fille qui disait << Thérèse est revenue >> ou encore << Thérèse ne vas pas tarder >> Il y avait beaucoup d'affection entre Thérèse et elle !
Car le dévouement de Régula sera sans limites durant quarante ans de la vie d'une femme.
Ce que je ne vous ai pas encore dit, c'est que Régula est un véritable baromètre pour
les états d'âme. Elle est capable de faire mal, très mal au ventre le jour de son retour,
quand elle sent que la femme qui la porte se vit mal comme femme ou s'accepte difficilement dans sa féminitude. Elle est comme ça, Régula.
Croyances autour des règles:
Elles sont sales. Le sang vient de l'utérus qui est stérile.
Elles sont malodorantes. Une bonne hygiène, très simple, évite toute odeur désagréable.
Elles ont une vertu purificatrice. Elle ne débarrassent d'aucune impureté, et ne pas les avoir ou peu ne risque pas de provoquer des << ballonnements >>
ni un << empoisonnement >>.
La femme qui a ses règles est de mauvaise humeur:
Généralement, malgré les douleurs possibles chez certaines, la femme est plutôt, au contraire, soulagée par l'arrivée de ses règles, vu que les syndromes prémenstruels ou SPM
( seins douloureux, ballonnements, irritabilité, sautes d'humeur, crises de la larme, etc.)
qui commencent deux à dix jours avant elles cessent avec leur apparition
Une femme qui a ses règles rate la mayonnaise:
Cette croyance, comme tant d'autres, est liée à l'impureté de la femme réglée.
Selon les régions de France, on lui interdit de s'approcher des ruches
(elle ferait tourner le miel), de faire des conserves ou de mettre du vin en bouteille
(il deviendrait vinaigre), de préparer œufs en neige, pâtisseries, crème et mayonnaise
(cela ne prendrait pas), de travailler dans une raffinerie (le sucre noircirait)…
Bien sûr, elles sont parfaitement fausses.
Il ne faut pas se laver les cheveux ou aller chez le coiffeur, prendre un bain
ou pratiquer certains sports.
On ne peut pas faire l'amour pendant les règles:
L'écoulement de sang n'empêche nullement la pénétration sexuelle.
Depuis le Sida et les maladies sexuellement transmissible,il vaux mieux éviter les rapports sexuels non protégés avec des partenaires inconnues pendant les règles car la transmission des germes se fait plus vite.
Certaines femmes refusent de faire l'amour, parce qu'elles se sentent sales durant cette période.
Il ne faut pas se baigner pendant les règles:
Rien ne l'interdit, et se baigner en piscine ou autres ne "coupera" pas les règles
ni ne "figera le sang" comme on l'entend encore dire, et ne fera pas non plus mal au ventre.
Il suffit de mettre un tampon périodique.
Les jeunes filles ou femmes vierges qui mettent des tampons périodiques peuvent perdre leur virginité:
L'hymen est une petite membrane ouverte en son centre et placée entre les petites lèvres, sous l'orifice urinaire.
Chez certaines jeunes filles, la pose d'un tampon est impossible avant d'avoir eu un rapport sexuel, parce que le "trou" de l'hymen est trop petit.
Chez d'autres, au contraire, l'ouverture est suffisamment large pour en mettre un.
Dans ce cas, le tampon une fois gonflé, va assouplir et agrandir l'orifice hyménéal, et
faciliter le premier rapport sexuel.
Mais cette modification de l'hymen ne s'appelle pas "perdre sa virginité".
Il serait dommage de résumer la virginité à la seule présence de l'hymen.
Perdre sa virginité, c'est faire l'amour pour la première fois, et qu'on saigne ou pas,
que l'ouverture de l'hymen soit agrandie par la pose régulière de tampons ou non, n'a pas
d'importance.