lundi 6 décembre 2021

Saint Nicolas

Nicolas est né en Asie Mineure dans une région de la Turquie actuelle, à la fin du IIIe siècle.
Élevé par des parents aisés et chrétiens, il devient évêque de Myre.
Ses largesses et ses bontés étaient réputées en Orient.
Nicolas y aurait, en autre, combattu le culte des anciennes divinités Apollon et diane, pour imposer le christianisme, religion nouvellement reconnue par l'empereur romain Constantin.
Il est sans doute mort le 6 décembre de l'an 643 et inhumé à Myre, en Asie Mineure.
Ses reliques y demeurèrent jusqu'en 1087, puis elles furent transportées en Italie,
dans la ville de Bari.
Revenant des croisades, à la fin du VIe siècle, un chevalier lorrain aurait emporté la phalange d'un doigt de Saint Nicolas qu'il offrit à l'église de Lorraine de port.

En 1477, René II, duc de Lorraine, remporte la bataille de Nancy contre Charles le téméraire.
Il l'attribue à Saint Nicolas et scelle définitivement le sort de l'ancien évêque de Myre.
Au XVIIe siècle, le patronage de Saint Nicolas fut confirmé par le pape Innocent X au nom de l'église de Rome.

Mais une légende ne se nourrit pas que de batailles, surtout en ce qui concerne un des ancêtres du Père Noël.

Les miracles de saint Nicolas

La célébrité du Saint traversa les époques par les miracles qu'il fit et que certaines chansons immortalisèrent.

Le plus célèbre des miracles accomplit par Saint Nicolas met en scène trois enfants qui s'étaient égarés en allant glaner aux champs.
A la nuit tombée, ils demandèrent hospitalisés à un boucher qui les fit entrer chez lui.
La porte refermée, le boucher tua les malheureux qu'il découpa et mit au saloir.
Sept ans plus tard, Saint Nicolas frappa à son tour chez le boucher.
Il demanda l'hospitalité et ressuscita les trois petits qui pensaient avoir seulement dormi ou juraient s'être crus au Paradis.

Ce miracle fut raconté par la vieille chanson populaire des trois enfants.
Une version de cette célèbre chanson fut recueillie dans le Valois par Gérard de Nerval et publiée en 1852.

Complainte de saint Nicolas recueilli par Gérard de Nerval

Il était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs.

S'en vont au soir chez un boucher.
« Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.»

Ils n'étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en petits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.

Saint Nicolas au bout d'sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s'en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ? »

« Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d'la place, il n'en manque pas. »
Il n'était pas sitôt entré,
Qu'il a demandé à souper.

« Voulez-vous un morceau d'jambon ?
Je n'en veux pas, il n'est pas bon.
Voulez vous un morceau de veau ?
Je n'en veux pas, il n'est pas beau !

Du p'tit salé je veux avoir,
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir.
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s'enfuya.

« Boucher, boucher, ne t'enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn'ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts.
Dessus le bord de ce saloir :

Le premier dit: « J'ai bien dormi ! »
Le second dit: « Et moi aussi ! »
Et le troisième répondit :
« Je croyais être en paradis ! »


La résurrection des petits martyrs a définitivement lié le nom de Saint Nicolas au sort des enfants.
D'autant que d'autres prodiges vinrent grossir la fable et l'on ne compta plus, bientôt,
les jeunes gens qu'il avait sauvé de la noyade ou délivré des griffes du diable.

Un père de famille, ruiné, allait vendre ses filles ou les vouer à la débauche.
Saint Nicolas fut ému par le sort des malheureuses.
Il lança trois bourses d'or dans la maison et l'on raconte que l'une des bourses alla se nicher dans une chaussette ou un soulier, qui séchait près de la cheminée.

Patronages de Saint Nicolas

Pour ce dernier geste émérite, Saint Nicolas devint le saint patron des fiancés.
Dans le nord de la France, il fut même longtemps patron des jeunes hommes en âge de se marier.
On avait alors coutume, le jour de leur fête, d'adresser une carte spéciale aux jeunes hommes de vingt-cinq ans, tout comme les jeunes femmes en recevaient le jour de la Sainte Catherine.

On le dit aussi protecteur des affamés. Il aurait à plusieurs reprises sauvé de la famine les habitants de son pays.
À ces différents patronages s'ajoute celui des navigateurs.
L'évêque en sauva ainsi un bon nombre de multiples tempêtes.
Pour avoir fait gracier trois soldats romains victimes d'un complot, Saint Nicolas est aussi patron des prisonniers et il partage, avec Saint Yves, le patronage des avocats.




Saint Nicolas et le Père Fouettard

Saint Nicolas et le Père Fouettard avancent côte à côte dans les froides soirées en décembre.
Le premier est aussi gentil est noble que le second apparaît méchant et fourbe.
C'est une énigme, pour les enfants impatients de rencontrer le bon saint, de le voir avec cette espèce de diable grimaçant
et grotesque qui brasse l'air du fouet de ses verges.
C'est deux personnages n'ont rien en commun à part la morsure du froid des nuits profondes et interminables.
La grande barbe blanche de Saint Nicolas lui confère respectabilité et sagesse.
L'évêque porte un long manteau rouge ou violet en plus de sa mitre et sa crosse.
Il a l'air souriant et généreux du meilleur des grands-pères qui pardonneraient
toutes les bêtises à ses petits enfants.
Sa mine débonnaire l'apparente au Père Noël auquel il emprunte parfois son embonpoint.
L'horrible père fouettard vêtu de brun ou de noir dont les sottises sortent de la face noircie.
De sa hotte, Saint Nicolas ne tire que des cadeaux et des friandises.
Le sac du Père Fouettard est au contraire un vide effrayant.
Il lui sert à ranger les verges qu'il tient à la main, il y enferme plus volontiers, dit-on les enfants turbulents.
Mais, on le sait, les récompenses ne vont pas sans les punitions.
C'est pourquoi, dans la création de notre Père Noël, la personnalité du Père Fouettard est aussi importante que celle de l’évêque.

Selon Arnold Van Gannep, folkloriste Français mort en 1957, l'invention du Père Fouettard serait strictement scolaire.
Il aurait été crée de toutes pièces par les jésuites au XIIe siècle, « grands amis des punitions corporelles », ou leurs émules, les pères des écoles chrétiennes.

Heureusement, dans son accoutrement inquiétant, le Père Fouettard se contente d'intimider, il ne punit pas.
Les verges qu'il agite ou tient cachées au fond de son sac, les chaînes qu'il remue parfois,
ses cris, ne sont pas aussi méchants qu'il y paraît.



Passage de Saint Nicolas

La nuit de Saint Nicolas est très attendue par les enfants de Belgique, du Luxembourg ou des régions voisines d'Allemagne, Suisse et Autriche.
En France, elle réjouit également les habitants du Nord et de l'Est, deux contrées dans lesquelles la religion germanique a laissé des traces.

Saint Nicolas voyage dans les airs et passe, la nuit, de maison en maison.
Un âne  chemine à ses côtés et porte sur son dos, deux paniers.
Le premier est rempli de bonbons de toutes sortes ou de pain d'épices aux formes variées, le second contient les inquiétantes verges.
Allant de toit en toit, le bon saint s'arrête au-dessus de chaque cheminée.
Dans l'esprit des enfants sages, si la générosité du saint est légendaire, le dévouement de l'âne ne l'est pas moins.
À côté des souliers qu'ils disposent près de la cheminée, une carotte, une poignée de foin, un verre d'eau et quelques noisettes viendront redonner des forces à la « bourrique ».
Saint Nicolas ne se contente pas de passer au-dessus des maisons, parfois, il vient aussi frapper à la porte.
Le Père Fouettard se tient à ses côtés au cas où il faudrait punir au lieu de récompenser.
Le saint interroge les enfants sur leurs conduites et vérifie dans son grand livre la véracité de leurs réponses.
Finalement, l'enfant en est parfois quitte pour un peu de peur, mais c'est toujours par des bonbons ou des jouets que le bon et lui laisse le souvenir de son passage.



Fête de saint Nicolas

Au pays-bas,
chaque année, il arrive dans le port d'Amsterdam, sur un grand bateau venu d'Espagne, accompagné par Pierre le noir, Zwarte Piet, son valet maure, tout barbouillé de suie, vêtu d'un costume espagnol du XVIe siécle.
Il quitte le bateau et se promène dans les rues de la ville, suivi d'un cortège d'enfants.
On raconte aux enfants hollandais que saint Nicolas et Pierre le noir habitent en Espagne, Pierre est chargé de rassembler les cadeaux, et, qu'à leur arrivée en Hollande, c'est lui qui descend dans les cheminées pour déposer les présents.
C'est pourquoi, il est noir de suie.
Tout le monde échange des cadeaux, ce jour-là.
Et qu'ils soient trouvés dans la cheminée, dans un grand panier sur le pas de la porte, ou échangés au matin du 6 décembre, ces cadeaux sont emballés de façon hétéroclite et insolite, pour augmenter la surprise et le rire de toute la famille.
Il y aussi des biscuits-gâteaux silhouettés en saint Nicolas.

En Allemagne,
saint Nicolas porte le nom de Klausenmann ou Stutenker, en Autriche Niklo...
Chaque région le surnommant dans son patois.

En Espagne, en Catalogne,
accompagné de sainte Catherine, juchée sur sa grande roue, il comble les petits garçons pendant qu'elle comble les petites filles.

En Italie,
Sauf dans la ville de Bari où reposent et sont vénérées ses cendres, la Befana et babbo natale remplacent saint Nicolas.

En Russie,
Saint Nicolas passe le 19 décembre et les fêtes durent dix jours.

En Bulgarie,
Saint Nicolas passe le 6 décembre et l'on mange obligatoirement du poisson.





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